Définition de PATRON, ONNE

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : pa-tron, tro-n'

DÉFINITIONS

1
Sémantique : Terme d'antiquité. Chez les Romains, le maître à l'égard de l'affranchi, le protecteur à l'égard du client.
Sous les noms séduisants de patrons et de pères Ils [les patriciens de Rome] affectent des rois les démarches altières
Cette admirable institution des patrons et des clients fut un chef-d'oeuvre de politique et d'humanité
S'est dit, sous les empereurs romains, des citoyens qui faisaient métier de plaider devant les tribunaux.
2
Celui, celle qui sert de protection, d'appui ; celui, celle qui s'intéresse à notre fortune et qui cherche à la pousser.
La cour fit une peur épouvantable à Mme de Montbazon, qu'on savait être la patronne de la Boulaye
Il s'était porté pour patron des Irlandais opprimés
D'ailleurs ne dit-on pas : telles gens, tel patron ; Et dès que je le sers, peut-il être un poltron ?
David Hume, étroitement lié à Paris avec vos messieurs, sans oublier les dames, devient, on ne sait comment, le patron, le zélé protecteur, le bienfaiteur à toute outrance de Jean-Jacques
Un eunuque au front noir est le patron d'Athènes [avant l'indépendance]
de P. LEBRUN dans Voy. de Grèce, III, 5
3
Saint, sainte, dont on porte le nom.
C'est le jour de mon saint patron que je vous écris
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Lett. abb. 32
Quel moyen de s'appeler Pierre, Jean, Jacques, comme le marchand ou le laboureur ?... qu'elle [la multitude] s'approprie les douze apôtres, leurs disciples, les premiers martyrs (telles gens, tels patrons).... pour nous autres grands, ayons retours aux noms profanes....
de Jean de LA BRUYÈRE dans IX
Saint, sainte, à qui une église est dédiée ou qui protège particulièrement une ville, un pays, etc. Notre-Dame de Bon Secours, patronne des mariniers. Saint Denis, patron de la France. Sainte Geneviève, la patronne de Paris.
Cette opinion [que les Moscovites n'avaient pu être vaincus que par un pouvoir surnaturel] fut si générale, que l'on ordonna à ce sujet des prières publiques à saint Nicolas, patron de la Moscovie
Le moine Lazare, digne de devenir le patron des peintres
Sémantique : Fig. Personnage sous qui on se met, bien qu'il ne soit pas un saint.
Job, un de mes patrons, dit que l'homme est né pour travailler, comme l'oiseau pour voler
Et mon patron à moi, c'est le joyeux Chapelle
de Jean-François COLLIN D'HARLEVILLE dans Artistes, I, 3
Sémantique : Fig. Il se dit aussi de celui qui donne crédit, autorité à quelque chose.
Je porte une infinité de remèdes bons ou mauvais.... il n'y en a pas un qui n'ait son patron et qui ne soit la médecine de mes voisins
4
Sémantique : Familièrement. Le maître d'une maison.
Où est le patron ? La fortune cruelle A ramené des champs le patron de la belle
On dit dans le même sens : le patron de la case ; ce qui s'applique aussi à un homme qui, sans être le maître d'une maison, y a tout pouvoir.
Le Génois, qui devint à son tour le patron de la case
Sur les deux ou trois cents invités, il n'en est aucun qui n'ait un rôle à jouer pour les patrons de la case, les plus francs égoïstes que le siècle ait créés
de MUSSET-PATHAY dans Contes histor. p. 58
5
Dans l'industrie, nom que les ouvriers donnent au maître de l'établissement. Le patron est sorti. Querelles des ouvriers avec les patrons.
6
Patron se dit aussi, par manière de qualification amicale, à un homme d'un rang inférieur. Bonjour, patron.
7
Sémantique : Terme de marine. Patron d'une chaloupe, quartier-maître ou contre-maître chargé du commandement d'une embarcation.
Anciennement, patron de galère, homme pratique qui conduisait la galère et en était le capitaine marin, sous l'autorité du capitaine militaire.
Je suis empereur, lui dit-il [Théophile à sa femme Théodora], et vous me faites patron de galère
Dans l'ancienne Venise, patron du port, plébéien qui dirigeait les affaires du port.
Votre prédécesseur, mais non pas votre égal, Me fit patron du port et chef de l'arsenal
de Casimir DELAVIGNE dans Mar. Fal. I, 8
Sémantique : Fig. Il est le patron de la barque, c'est-à-dire c'est lui qui a le plus de crédit dans une société, dans une affaire, etc.
8
Galère patronne, ou, simplement, la patronne, galère que, dans l'escadre des navires de son espèce, montait le lieutenant général ou celui qui avait le commandement après le chef d'escadre ; elle avait le second rang, la réale ayant le premier ; elle tenait entre les galères le même rang que le vice-amiral entre les vaisseaux de haut bord. La patronne n'était que la troisième galère des États maritimes qui avaient une capitane, outre la réale.
9
Titre d'une dignité princière, dans quelques villes, au moyen âge. Patron de Salonique.
10
Dans le Levant, le maître à l'égard de l'esclave. Réduit en esclavage, il eut le bonheur d'avoir pour patron un homme compatissant.
11
Autrefois, le prélat ou le seigneur laïque qui nommait à un bénéfice.
Le roi est patron de toutes les églises cathédrales et collégiales, des abbayes et des monastères, s'il n'y a point de titre au contraire
de FEVET dans De l'abus, ch. 8, dans RICHELET
Patron d'une église, celui qui avait bâti, fondé ou doté une église.
12
Cardinal patron s'est dit, à la cour de Rome, du cardinal qui gouvernait comme premier ministre.
13
Nom qu'on a d'abord donné à la giberne. On disait aussi la patronne (c'est de là que cartouche se dit en allemand Patrone).
14
Patron des maréchaux et des charbonniers, la mésange charbonnière.

HISTORIQUE

1
XIIIe s.
.... E ne seit patrun à cele iglise se reis nun
dans Édouard le confesseur, V. 2424
Uns patrons franchi son serf, porce qu'il remaindroit à lui servir, et cil par male tricherie ne le vost [voulut] servir
dans Liv. de just. 115
2
XIVe s.
Or ont il leur patron, or ont il leur seigneur
dans Girart de Ross. V. 2651
C'est l'estoile qui par mer me conduist ; C'est la nasselle Forte, seüre et plaine de deduit ; C'est li patrons qui me gouverne et duit ; C'est l'aviron qui de mer fent le bruit
de MACHAUT dans p. 128
Les bestes ont ce sens de parfaictement amer et estre privées de leurs patrons et bienfaisans
dans Ménagier, I, 5
3
XVe s.
Maistre Alphonse Vietat, souverain patron et maistre de toutes les navires et gallées de Portugal
L'evesque de Lisieux disoit estre patron de l'escole de la ville de Touques
de Jacques DELILLE dans Agricult. norm. p. 177
4
XVIe s.
L'un de ceux qui suivirent Evander en Italie s'appelloit Patron, lequel, estant homme secourable et qui supportoit les pauvres et petits, donna son nom à cest office d'humanité
de Jacques AMYOT dans Rom. 19
Comme les patrons des galeres et pilotes voulussent laisser les voiles, il leur commanda qu'ilz les chargeassent
de Jacques AMYOT dans Anton. 83
Ils furent suivis de si près, que la patronne du capitaine Jonas fut investie et prise par les ennemis
de Martin DU BELLAY dans 154

ÉTYMOLOGIE

1
Provenç. patron, patro, et aussi pairon, pairo ; catal. padró, patró ; espagn. patron ; ital. padrone ; du lat. patronus, patron, protecteur, dérivé de pater, père.

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